Imprimerie Patrice Lumumba : Un trésor abandonné !

décembre 11, 2018 0 Par Guineecontact.com

Dans l’histoire de la guinée indépendante, il y a des entreprises qui ont marqué de façon positive les esprits. Parmi lesquelles l’Imprimerie Patrice Lumumba, contiguë à la Sig madina, sur la route du Niger, dans la commune de Matam.

Fruit de la coopération entre la République de Guinée et l’Allemagne de l’Est d’alors. Cette unité industrielle a été créée en 1962 pour répondre le besoin en fourniture scolaire, des documents administratifs et autres consommables y compris le papier Rame.

Grace aux équipements performants et des techniciens compétents, tous formés en Allemagne, l’Imprimerie Patrice Lumumba a pu assurer la couverture nationale et sous régionale.

« C’était une merveille. Construit pas pour la Guinée seulement, mais pour une vision sous régionale… » Confie un ancien travailleur.

Ce talentueux travailleur, sous le poids de l’Age, confirmera la formation de tous les cadres de l’imprimerie nationale de la Guinée-Bissau à Patrice Lumumba.

L’Imprimerie Nationale Patrice Lumumba était un grand complexe qui fonctionnait 24 heures sur 24, avec un grand réfectoire, qui servait de salle de spectacle. Une partie de la cité SIG madina qui jouxte Patrice Lumumba servait de logement aux experts allemands qui venaient prêter main forte aux guinéens.

L’imprimerie nationale patrice Lumumba était un complexe polygraphique qu’ont réalisé les premiers dirigeants de la Guinée. Parmi les produits phares que Patrice Lumumba produisit, il y avait : – les cahiers pour les écoliers, les enveloppes, les titres et valeurs, des livres, des brochures, les journaux, mais aussi le grand Coran, dont les machines ont été offerte à la Guinée par l’Arabie Saoudite.

Cette Entreprise nationale de grande réputation, sera l’un des derniers bijoux, hérité du régime révolutionnaire à être brader. C’est entre 1995 et 1996 que cette unité industrielle a été cédée.

Au moment de sa privatisation, Patrice Lumumba disposait des machines performantes. Plus de 158 machines fonctionnelles au moment où l’on bradait ce patrimoine national, selon certains anciens travailleurs. Les grandes machines offset quatre couleurs, les machines offset deux couleurs, les machines rotatives et la section cahier et enveloppe (cédée à la Nouvelle Imprimerie de Kaloum NIK).

De nos jours, la concession de six (6) hectares de cette unité est occupée de façon anarchique par les privés qui se rivalisent. L’Imprimerie proprement dite est dévorée par les garages mécaniques, les magasins de commerce, les boutiques, etc….

Comme d’autres entreprises publiques, la privatisation de ce patrimoine a eu pour conséquence directe, la perte d’emploi pour 650 travailleurs compétents. Certains d’entre eux ont réussi à prolonger leur carrière par l’ouverture d’imprimerie ou en apportant l’assistance technique aux petites imprimeries privées de la place. Le vide laissé par Patrice Lumumba est loin d’être comblé. La Guinée n’a jamais commandé les cahiers pendant la 1ere République.

Parmi les petites imprimeries qui ont assuré la relève, figure en bonne place l’Imprimerie FIDEG initiée par Monsieur KEITA Souleymane Canada. Créée depuis 2000 par un groupe de jeunes gens, universitaires, pétri de talents, compétents et maitrisant parfaitement l’outil informatique.

FIDEG (Femme et Ingénierie pour le Développement Economique de la Guinée), au-delà de sa principale vocation, assure la formation des jeunes en informatique et l’utilisation des logiciels d’imprimerie.

« … Nous sommes en train de transmettre cette compétence aux jeunes qui ont la facilité de décrocher l’emploi. Beaucoup d’infographes exerçant dans certaines imprimeries de la place sont sortis de notre école….. » Confie Monsieur KEITA.

 

Ibrahima Amadou Camara pour  guineecontact.com