L’Afrique: un continent riche, une population pauvre. Quel paradoxe !

septembre 19, 2018 0 Par Guineecontact.com

Cette étonnante situation mérite des explications. L’Afrique est le continent le plus riche potentiellement, mais au regard de ce continent, la pauvreté est endémique et existe partout. Cette pauvreté a atteint un seuil  inquiétant, amenant ses bras valides à s’expatrier en traversant la méditerrané avec tous les risques pour rallier l’occident. Cette odyssée a endeuillé beaucoup de familles en Afrique. Et pourtant, nous avons tout pour vivre heureux en Afrique. Pourquoi nous ne profitons pas de nos richesses?

 

Face à cette situation, les experts africains dans le domaine minier, se déploient à donner des explications et proposer des pistes de solutions nous permettant de jouir de nos richesses du sol et du sous-sol.

Pour les experts, le manque de politique gouvernementale cohérente qui devrait harmoniser la règlementation de l’exploitation du secteur minier avec les objectifs macroéconomiques du pays est à signaler de prime abord.

 

Aussi, la faible implication des nationaux dans ce secteur et l’absence des structures de transformation de ces ressources minières sur place pour avoir de la valeur ajoutée.

 

Enfin, le manque d’information par rapport à la qualité et la quantité de ces ressources minières qui émanent de nos pays. Ce sont là quelques observations.

Beaucoup de contrats qui ont été signés auparavant ne sont pas bien ficelés par rapport aux contrats qui existent de nos jours. Ceux qui ont la responsabilité de signer et de veiller sur ces contrats doivent bien s’informer et se mettre à jour. Il est temps d’améliorer ces contrats miniers par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde. La République de Guinée, en 2010 avait procédé à la révision de tous les contrats miniers jugés léonins, signés avec les partenaires. Ce qui avait d’ailleurs provoqué assez de bruits dans le monde minier. Le gouvernement avec toutes les menaces des lobbys est resté intransigeant et fidèle à sa décision.

Un contrat minier ne se signe pas dans une case fermée et surtout, rien n’interdit à nos Etats de procéder périodiquement  à leur révision. La renégociation des contrats miniers est très courante dans le monde pourquoi pas en Afrique. Les pays africains ne doivent pas avoir de l’inquiétude pour retoucher ces contrats miniers jugés obsolètes.

A noter aussi, que ces contrats sont tellement scellés avec beaucoup de jurisprudence. Les partenaires agrippés à leur intérêt, prennent toutes les dispositions pour empêcher les pays africains de procéder à leur révision.

Selon ces experts, les précédents contrats miniers signés en guinée n’étaient pas bon par rapport à ce que l’on signe maintenant. La Guinée a eu le bénéfice du temps, mais aussi, le bénéfice d’assister à l’évolution de ces contrats. Disons, ce sont des meilleurs contrats en Guinée, mais pas au monde.

La Mongolie a décidé récemment de voir les termes de son contrat qu’elle avait signé avec Rio Tinto. Elle a augmenté sa participation dans une mine de plomb de 15% à 50%. En guinée, selon le nouveau code minier, les 15% constituent une participation gratuite accordée à l’Etat.

Les pays africains en majorité ont plus de 50 ans d’indépendance. Donc, des peuples majeurs. Avec  la mondialisation, les compétences existent, la technologie n’est l’apanage de personne. Nous pouvons transformer beaucoup de nos ressources minières sur place, mais la volonté politique n’existe malheureusement pas.

Pour illustration, une compagnie minière d’exploitation de bauxite vient d’être créée en Guinée, il y a 6 mois. En matière de cadence d’exportation de bauxite, elle occupe la 1ère place. Plus de 250 employés tous des guinéens. Les Contremaîtres, les ingénieurs, les géologues sont tous des guinéens. La méthode technique utilisée est aussi guinéenne.

Apres 50 ans d’histoire dans le secteur minier et en travaillant pour les grandes sociétés minières dont entre autres: Alcoa, Rio Tinto, Bhp billiton, etc….. beaucoup de guinéens ont été formés, mais n’ont jamais eu l’opportunité de mettre en pratique leurs expériences. Cette société est à encourager. L’Etat de son côté doit accélérer la construction des écoles régionales des arts et métiers (ERAM) pour former la main d’œuvre locale.

Les grands pays miniers d’Asie, ont partiellement interdit l’exportation de leur bauxite dans leur contrat. Ils exigent que les compagnies minières qui viennent chez eux, prennent l’engagement de mettre en place des unités de transformation. C’est cela la tendance mondiale.

La Guinée doit s’informer sur ce qui se passe ailleurs et s’aligner sur leur concept économique. Cela nous permettra de prendre des décisions beaucoup plus rationnelles que celles qui ont été prises il y a 50 ans.

Le Sénégal qui va bientôt commencer à produire du pétrole est très alerte. Il n’a pas du tout envie que ses contrats ressemblent à ceux qui ont été signés autrefois.

A la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG), la Guinée récolte à peu près 150.000.000 de dollars de redevance fiscale par an, sur la base d’une bauxite qui coute entre 25 à 50 dollars la tonne.

La même bauxite est transportée dans  quatre pays européens où elle est transformée. Le résultat du bénéfice fiscal de ces quatre pays après la transformation de cette bauxite se situe aux environs de 5 milliards de   dollars par an. Alors, les pays où la bauxite est transformée bénéficient beaucoup plus que les pays producteurs. La tonne d’aluminium se vend à un prix largement supérieur, alors que la tonne de bauxite se vend 35 dollars. Alors, nos Etats doivent encourager et exiger l’implantation des usines de transformation sur place.

Le modèle classique chez les sociétés minières est de venir faire les études et de passer rapidement à l’exploitation pour se servir des produits de la première vente, générer les ressources financières pour réaliser les infrastructures exigées par nos Etats dont entre autres: le chemin de fer, les routes, le port, etc….. Nous pouvons utiliser le même modèle pour construire les infrastructures de transformation, afin de créer de la valeur ajoutée.

La société civile africaine est interpellée, elle doit prendre ses responsabilités en montrant la meilleure voix aux dirigeants africains. La pauvreté en Afrique n’est pas une fatalité, car, la nature nous a offert tout ce dont on a besoin pour créer la richesse, parfaire notre environnement et freiner l’exode de nos enfants. Ces enfants africains qui, par désespoir ou excès de pauvreté préfèrent mourir dans le bassin de la méditerrané dans l’intention de rallier l’occident.

Ibrahima Amadou Camara  655552826