Mois de la foret en Guinée : Zoom sur la forêt classée de Camayenne
août 28, 2018A l’instar du repos biologique maritime pour la reproduction des poissons, une trêve d’un mois est aussi accordée à nos forêts pour la régénérescence des essences forestières. Mois au cours duquel, toute exploitation de la forêt reste interdite. Le mois d’Août, le milieu de la saison des pluies en Guinée est consacré à cet effet.
Au cours de ce mois pluvieux en Guinée, les exploitants de la forêt appuyés et encadrés par les agents de l’environnement, mais aussi les conservateurs de la nature, procèdent au reboisement des étendues dégradées et dévastées. « ….celui qui a planté un arbre avant de mourir, n’a pas vécu inutile….. » Un proverbe indien.
A quelques jours de la fin du mois de la forêt en Guinée, nous faisons un zoom sur la forêt classée de Camayenne. Un jardin botanique, le premier implanté en Afrique occidentale française, à l’époque coloniale, précisément en 1890.
Elle est situé dans la commune de Dixinn, entre l’Autoroute et Donka. Dans cet espace écologique, plusieurs espèces de plante existent et proviennent de partout dans le monde.
Elhadj Ousmane Bangoura, connu sous le nom « Ami de la nature témoigne » se souvient :
« En 1890, le Premier Gouverneur colonial, Noel BALLAY, a pris l’initiative de créer un jardin d’essai en Guinée. Le choix fut tombé sur Camayenne. Cet espace sera la source de l’horticulture ornementale en Guinée. Le premier jardin botanique en Afrique occidentale francophone….. » Confirmera-t-il avant d’ajouter : « …les premiers plants qui ont été mis à terre sont venus de l’Australie. D’autres espèces ont été importées de la chine, après la construction du barrage Kinkon à Pita en 1963, pour protéger la tête de source et les berges. Il y a aussi des plants qui sont venus du continent africain. Il n’y avait pas que de la végétation dans ce jardin botanique, il y avait aussi des animaux dont entre autres : les singes, les gorilles, l’Eléphant, panthère, lion, les serpents….. » L’Ami de la nature apportera des précisions importantes : «….après l’agression portugaise contre la Guinée en 1970, nous avons décidé de transférer ces animaux à Kindia (Pastoria). Quant à l’Eléphant, il a été offert par Feu Président Ahmed Sékou TOURE au Feu Président Gamal Abdel Nasser d’Egypte. Il a été mis en Bateau pour être transporté en Egypte….. »
Au départ, la forêt de Camayenne s’étendait sur 13,5 hectares. Elle a été morcelée en trois parties : le cimetière à l’ouest, le jardin botanique au milieu, la Grande Mosquée Fayçal et le Centre Islamique à l’Est.
« …les colons nous ont laissé certains trésors comme héritage, dont le jardin botanique de Camayenne. Les espèces de plante sont vieillissantes, les autorités ne prennent aucun soin sur ce site qui nous approvisionne en Oxygène pur….. » Regrettera Elhadj Bangoura avant de conclure par cette note pathétique et patriotique. «…j’ai l’intention inch allah de créer un autre jardin botanique pour remplacer celui de Camayenne. J’ai beaucoup de souci pour ce jardin… »
Heureusement que la forêt de Camayenne a été morcelée pour une cause d’utilité publique. Quant aux autres forêts, considérées comme poumons de la ville de Conakry, à savoir: Kakimbo, Démoudoula, ENTA, Dabompa, elles sont fortement agressées et occupées par les intouchables du pays. Se croyant plus nobles et propriétaires de la terre et du ciel.
A chaque fois que l’Etat prend la ferme décision de récupérer ces espaces occupées en y envoyant des machines, accompagnées par les autorités militaires, il (ETAT) se heurte toujours aux forces occultes.
A Kankan, l’ensablement poussé du fleuve Milo, dû à l’agression de l’environnement par les fabricants de briques est inquiétant.
Les feux de brousse et l’usage abusif du charbon de bois, devenu une source de revenu pour certains citoyens constituent un fléau dangereux pour notre environnement.
Il est temps d’attirer l’attention des élus du peuple sur cet état de fait. D’où l’amendement de la loi Fria, sur l’environnement. A rappeler que la loi Fria était une loi qui a été initiée et créée par le régime du Président Ahmed Sékou Touré. A chaque occasion de mariage, le couple plante un arbre fruitier avant de célébrer le mariage. A la naissance d’un enfant, le couple plante un arbre fruitier le jour du baptême. Cette loi doit être dépoussiérée et réadaptée au temps.
« …pour remercier dignement les travailleurs innombrables qui ont rendu notre habitat (environnement) si bel et si commode, il faut le livrer plus bel et plus commode encore aux générations futures…. » Conseil E. About
Il est bien beau de reprendre nos trottoirs et faire de bon parking, surtout à Kaloum. Mais pendant le bétonnage, il faut obligatoirement prévoir la place pour les arbres qu’on élimine volontiers. Le constat est amer sur le boulevard du commerce et l’avenue de la République à Kaloum. Le Gouvernorat doit y penser !
Ibrahima Amadou Camara 655 55 28 26